Bernard Lugan : “L’éclatement de la Libye : un scénario annoncé”
sur www.realpolitik.tv
Traduzione di Giuseppe Germinario
Publié par Bernard Lugan le 8 mars 2012 dans Articles
L’éclatement de la Libye que j’avais annoncé dès le 1° avril 2011[1] a été officialisé le 6 mars 2012 avec la déclaration d’autonomie de la Cyrénaïque. Chaque jour qui passe, les résultats de l’intrusion franco otanienne dans la guerre civile libyenne apparaissent ainsi de plus en plus catastrophiques, deux réalités ayant été totalement ignorées par ceux qui décidèrent de cette insolite expédition :
- La Libye n’existe pas.
- Ses deux principales composantes, la Tripolitaine et la Cyrénaïque ont toujours été opposées.
Au début de l’année 2011, ce ne fut pas à un soulèvement « démocratique » que nous avons assisté, mais à une tentative de sécession de la Cyrénaïque. Sur ce mouvement vinrent ensuite se greffer les islamistes arabistes radicaux, puis les Berbères arabophones de Zentan et leurs cousins berbérophones de Zouara et du Jebel Nefusa désireux d’en découdre avec un régime qui avait constamment nié leurs droits.
Ainsi donc, dans l’ignorance bétonnée du dossier, l’Elysée prit-il le parti d’un camp contre un autre, croyant, ou pire, feignant de croire, que le CNT était l’émanation d’un peuple en lutte pour ses droits démocratiques alors qu’il n’était qu’un conglomérat d’intérêts contradictoires.
Les trois provinces traditionnelles de Libye
Le colonel Kadhafi massacré dans les conditions que l’on connaît, ses « vainqueurs » se déchirèrent ensuite à belles dents :
– En Tripolitaine, le faible CNT navigua à vue entre les milices islamico-mafieuses de Misrata, les milices islamiques de Tripoli, les Berbères de Zentan et du jebel Nefusa et les Warfalla[2].
– En Cyrénaïque, les chefs de tribus virent dans le CNT une émanation de la Tripolitaine et ils s’en affranchirent. Ce fut cependant un problème local qui hâta leur décision de proclamer l’autonomie de leur région. Les tribus supportaient en effet de plus en plus mal le climat anarchique résultant des agissements de certaines milices islamistes fondamentalistes soutenues par une partie du CNT et qui s’en prenaient à leurs pratiques religieuses coutumières. Dans cette région à forte caractéristique confrérique, l’islam salafiste ou wahhabite voulut en effet interdire le culte rendu aux saints – les marabouts du Maghreb- allant jusqu’à détruire leurs tombeaux (voir mon communiqué du 18 janvier 2012).
Tout ceci fit que ce qui devait arriver « arriva » avec la déclaration d’autonomie du 6 mars 2012 prononcée par l’assemblée des tribus de Cyrénaïque qui reconnut comme chef Ahmed Zubaïr al-Sanussi, parent du roi Idriss I° renversé en 1969 par le colonel Kadhafi, et membre éminent de la famille-confrérie sénoussiste qui régnait sur la région à l’époque ottomane.
En Libye, c’est donc à un retour à la longue histoire que nous assistons. Face à ce puissant mouvement de fond, la démocratie individualiste ou les droits de l’homme apparaissent pour ce qu’ils sont, des modes occidentales passagères bien éloignées des réalités locales. Il est cependant regrettable que les dirigeants français y aient une fois de plus cédé avec pour conséquence le bouleversement de toute la géopolitique sur l’arc de tension saharo-sahélien.
Bernard Lugan – 07/03/2012
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[1] Voir mon communiqué du 1° avril 2011 ainsi que les articles de l’Afrique réelle sur toute l’année 2011.
[2] Voir à ce sujet le numéro de janvier 2012 de l’Afrique Réelle.
Bernard Lugan: “L’esplosione della Libia: uno scenario annunciato”
Pubblicato da Bernard Lugan 8 marzo 2012 in www.realpolitik.tv
L’esplosione della Libia da me annunciata sin dal 1 ° aprile 2011 [1] è stata ufficializzata il 6 marzo 2012 con la dichiarazione di autonomia della Cirenaica. Ogni giorno che passa, i risultati della intrusione Franco-Nato nella guerra civile libica appaiono sempre più catastrofici; due realtà completamente ignorate da coloro che hanno deciso questa spedizione insolita:
1.La Libia non esiste.
2.Le sue due componenti principali, Tripolitania e Cirenaica sono sempre state in contrasto.
Nei primi mesi del 2011, non abbiamo assistito ad una rivolta “democratica”, ma ad un tentativo di secessione della Cirenaica. Su questo movimento vennero in seguito a innestarsi gli islamisti radicali di lingua araba, in seguito i berberi arabofoni di Zentan ed i loro cugini di lingua berbera di Zouara e del Jebel Nefusa, desiderosi di regolare i conti con un regime che aveva sempre negato i loro diritti.
Così, ignorando completamente il dossier, l’Eliseo ha preso le parti di un campo contro l’altro credendo, o peggio, fingendo di credere, che il CNT fosse emanazione di un popolo in lotta per i propri diritti democratici quando era, invece, un conglomerato di interessi contraddittori.
Le tre province tradizionali della Libia
Con il colonnello Gheddafi massacrato con le modalità che conosciamo, i suoi “vincitori” si lacerano quindi a denti digrignati:
– In Tripolitania, il debole CNT naviga a vista tra le milizie islamico-mafiose di Misurata, le milizie islamiche di Tripoli, i berberi di Zentan e del Jebel Nefusa e i Warfalla [2].
– In Cirenaica, i leader tribali vedono nel CNT un’emanazione della Tripolitania e cercano di affrancarsi.Era tuttavia un problema locale che accelerò la decisione di proclamare l’autonomia della loro regione. Le tribù sopportavano sempre peggio, infatti, il clima anarchico provocato dalle azioni incontrollate di alcune milizie fondamentaliste islamiche sostenute da una parte del CNT le quali si accanivano contro le loro pratiche religiose abituali. In questa regione con una forte caratteristica di fratellanza, l’islam wahhabita e salafita dell’Islam vorrebbe interdire il culto dei santi – il marabut Maghreb- sino a distruggere le loro tombe (vedi il mio comunicato stampa del 18 gennaio 2012).
Tutto questo significa che ciò che doveva accadere si è”compiuto” con la dichiarazione di autonomia del 6 Marzo 2012 approvata dalla assemblea delle tribù della Cirenaica che ha riconosciuto come capo Zubair Ahmed al-Sanussi, discendente di re Idris I, deposto nel 1969 dal colonnello Gheddafi, e membro di spicco della famiglia-confraternita Senoussita che governava la regione durante l’epoca ottomana.
In Libia, è dunque di un ritorno alla lunga storia cui stiamo assistendo. Di fronte a questo movimento di fondo, la democrazia individualista o i diritti umani appaiono per quello che sono, delle mode occidentali transitorie avulse dalle realtà locali. E’ disdicevole che i leader francesi vi abbiano ancora una volta ceduto con il conseguente sconvolgimento della geopolitica su tutto l’arco di tensione del Sahara-Sahel.
Bernard Lugan – 2012/07/03
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[1] Vedi il mio comunicato stampa del 1 ° aprile 2011 e gli articoli su l’Afrique Réelle del 2011.
[2] Su questo argomento vedi il numero di gennaio 2012 di l’Afrique Réelle