Élection d’Hassan Rohani : vers un rééquilibrage géopolitique de l’Iran ? Publié par Realpolitik.tv con traduzione in calce

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Hassan-Rohani-604x272Élection d’Hassan Rohani : vers un rééquilibrage géopolitique de l’Iran ?

Publié par Realpolitik.tv le 17 juin 2013 dans Articles – 2 commentaires

 

Élection d’Hassan Rohani : vers un rééquilibrage géopolitique de l’Iran ? par Thomas Flichy

Le résultat des élections est il une surprise ?

A l’évidence, aucun analyste n’avait prévu la victoire d’Hassan Rohani au premier tour de l’élection présidentielle. Mais il ne faut pas oublier que l’Iran est un pays imprévisible qui puise sa créativité et son esprit d’innovation dans une culture poétique inaccessible aux prévisions mathématiques.

Les réformateurs l’ont ils emporté ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la distinction entre réformateurs et conservateurs s’avère peu opérante en Iran. La preuve en est que parmi les six candidats en lice, cinq étaient classés ultraconservateurs ou conservateurs pragmatiques. Il s’agit de Saïd Jalili, d’Ali-Akbar Velayati, de Mohsen Rezaï d’Hassan Rohani et de Mohammad Ghalibaf. Seul un candidat, Seyed Mohammad Gharazi, était qualifié de modéré. A ce compte, les Iraniens avaient mathématiquement  83% de chances d’élire un conservateur. C’est oublier que le monde iranien est marqué depuis des siècles par  un rêve qui n’a rien de conservateur, celui de réformer le monde musulman en prenant sa tête. Mais ce rêve souterrain, qui hante la plupart des hommes d’État iraniens se heurte à deux obstacles : l’Iran n’est ni Sunnite ni Arabe. Il est par conséquent tenu à l’écart par les pays musulmans qui s’effraient de son inépuisable créativité. Devant ce rejet, les Iraniens sont tiraillés entre deux types d’évolutions : soit un basculement vers l’Occident ou à l’inverse une consolidation des liens avec l’Asie. Même si les Iraniens se perçoivent comme des Occidentaux, ils ont été contraints par les sanctions récentes  à se rapprocher simultanément de la Russie et de la Chine pour former une alliance plastique que l’on pourrait qualifier de Nouvel Empire Mongol. Il conviendrait, par conséquent, de repenser la distinction entre réformateurs et conservateurs au profit d’un nouveau gradient Occident/Orient. Or cette nouvelle distinction bouleverse les schémas établis car il n’est pas plus conservateur de se tourner vers la Chine que vers l’Europe. La véritable question est par conséquent la suivante : qui l’a emporté entre les Océanides – partisans d’un rapprochement avec la puissance maritime américaine – et les Gengiskhanides – qui souhaitaient un rapprochement avec la Russie et la Chine. Les Iraniens nous ont répondu aujourd’hui de façon totalement inattendue avec la victoire des Iranides un tiers parti qui souhaite le retour à une politique d’équilibre internationale. Aujourd’hui, le Nouvel Empire Mongol connaît un vacillement et ce n’est pas tout à fait un hasard si les chancelleries russe et chinoise ont du mal à se positionner ce soir sur le résultat de l’élection.

Quel est le profil du nouveau président ?

Parmi les six candidats, les hommes ayant exercé des fonctions diplomatiques importantes étaient surreprésentés : il s’agissait de Saïd Jalili, ancien Vice-Ministre des Affaires Étrangères, d’Akbar Velayati ancien Ministre des affaires étrangères, et d’Hassan Rouhani qui a une grande expérience de la diplomatie puisqu’il a été personnellement en charge du dossier nucléaire. A l’évidence, ces diplomates l’ont emporté sur les spécialistes de l’ordre intérieur

Peut on espérer un règlement de la question nucléaire ?

Il faut s’attendre à une inflexion sur ce point. Nous avons aujourd’hui un signe fort. Même s’il est improbable qu’Hassan Rohani remette en cause la volonté de l’Iran de mettre en place une filière nucléaire, les négociations peuvent avancer. Leur échec actuel s’explique en partie par la très grande difficulté pour les Occidentaux à prendre au sérieux les spécificités culturelles et juridiques de l’Iran. A la différence de la France, l’Iran a été occupé pendant près de mille ans par des puissances étrangères. Cette occupation a marqué en profondeur ses élites qui ont mis au point des procédés de négociation extrêmement sophistiqués afin d’assurer leur survie politique. Or, depuis la découverte des hydrocarbures, l’Iran est devenu le centre géopolitique de la planète contrôlant simultanément les richesses énergétiques de la mer Caspienne et du Golfe Persique. Cela amène les négociateurs iraniens à réfléchir à chaque mouvement diplomatique. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’Iran n’a pas donné le signal d’une proche normalisation. D’un point de vue intérieur, il a opéré un rééquilibrage en se repositionnant au centre. Dans ces circonstances, il ne fait guère de doute qu’Hassan Rohani n’acceptera de ralentir la nucléarisation de l’Iran qu’à condition que la communauté internationale accorde à l’Iran le statut de puissance régionale. Car au fond, par delà ses difficultés économiques, l’Iran aspire par dessus tout à une dignité retrouvée sur la scène internationale.

Thomas Flichy
Historien du droit et des institutions

Elezione di Hassan Rohani: verso un riequilibrio geopolitico dell’Iran?

Pubblicato da Realpolitik.tv 17 giu 2013 in Articoli – 2 commenti

 

Elezione di Hassan Rohani: verso un riequilibrio geopolitico dell’Iran? da Thomas Flichy

Il risultato elettorale è una sorpresa?

Con ogni evidenza, nessun analista aveva previsto la vittoria di Hassan Rohani al primo turno delle elezioni presidenziali. Ma non si deve dimenticare che l’Iran è un paese imprevedibile che trae le proprie creatività e capacità d’innovazione da una cultura poetica inaccessibile alle previsioni matematiche.

I Riformatori hanno perso?

Contrariamente a quanto si potrebbe pensare, la distinzione tra riformatori e conservatori non è molto funzionale alla comprensione dell’Iran. La prova è che tra i sei candidati, cinque sono stati classificati ultraconservatori o conservatori pragmatici. Si tratta di Saeed Jalili, Ali-Akbar Velayati, Mohsen Rezai Hassan Rohani e Mohammad Ghalibaf. Un solo candidato, Seyed Mohammad Gharazi, è stato qualificato come moderato. Date le circostanze, gli iraniani avevano la matematica probabilità al 83% di eleggere un conservatore. Si dimentica che il mondo iraniano è segnato per secoli da un sogno per nulla conservator; riformare il mondo musulmano prendendone la testa. Ma il sogno recondito che ossessiona gran parte degli statisti iraniani deve affrontare due ostacoli: l’Iran non è né arabo né sunnita. E’ quindi tenuto a distanza dai paesi musulmani timorosi della sua creatività inesauribile. Di fronte a questa avversione, gli iraniani oscillano tra due tendenze: uno spostamento verso l’Occidente oppure all’opposto un consolidamento dei legami con l’Asia. Anche se gli stessi iraniani si percepiscono come occidentali, sono stati costretti dalle recenti sanzioni ad avvicinarsi simultaneamente a Russia e Cina tesa a formare un’alleanza plastica che potrebbe essere definita come Nuovo Impero Mongolo. Occorre, pertanto, ripensare la distinzione tra riformatori e conservatori a favore di un nuovo gradiente est-ovest. Ma questa nuova distinzione sconvolge gli schemi prefissati, in quanto non è più conservatore volgersi verso la Cina che verso l’Europa. La vera domanda è dunque: chi ha vinto tra Océanidi – sostenitori di un riavvicinamento alla potenza marittima degli Stati Uniti – e Gengiskhanidi – che sostenevano una riconciliazione con la Russia e la Cina. Gli iraniani ci hanno risposto oggi inaspettatamente con la vittoria degli Iranidi,un terzo partito che ambisce a tornare a una politica di equilibrio internazionale. Oggi, il Nuovo Impero mongolo conosce qualche crepa e non è del tutto un caso che le ambasciate russe e cinesi hanno qualche difficoltà a posizionarsi stasera sul risultato delle elezioni.

Qual è il profilo del nuovo presidente?

Tra i sei candidati, gli uomini che hanno svolto importanti funzioni diplomatiche erano sovrarappresentati: Said Jalili, ex vice-ministro degli Affari Esteri, Akbar Velayati, ex ministro degli Esteri, Hassan Rouhani che ha un una vasta esperienza nella diplomazia in quanto diretto responsabile della gestione della questione nucleare. Con ogni evidenza, questi diplomatici hanno prevalso sugli specialisti di ordine interno

Possiamo aspettarci una soluzione della questione nucleare?

Ci si deve attendere una inflessione su questo punto. Ora abbiamo un segnale forte. Anche se è improbabile che Hassan Rohani possa mettere in discussione la volontà dell’Iran di sviluppare una industria nucleare, le trattative possono andare avanti. Il loro fallimento attuale è in parte dovuto alla grande difficoltà degli occidentali nel considerare seriamente le specificità culturali e giuridiche dell’Iran. A differenza della Francia, l’Iran è stato occupato per quasi mille anni da potenze straniere. Questa occupazione ha profondamente segnato le sue élite le quali hanno sviluppato procedure di negoziazione altamente sofisticate tali da garantire la loro sopravvivenza politica. Tuttavia, dal momento della scoperta del petrolio, l’Iran è diventato il centro geopolitico del pianeta, con il controllo simultaneo delle risorse energetiche del Mar Caspio e del Golfo Persico. Questo induce i negoziatori iraniani a soppesare ogni movimento diplomatico. Contrariamente a quanto si potrebbe pensare, l’Iran non ha lanciato segnali di una prossima normalizzazione. Dal punto di vista interno, ha condotto un riequilibrio con il riposizionamento al centro. In queste circostanze, non vi è dubbio che Hassan Rohani non accetterà di rallentare la nuclearizzazione dell’Iran, se non a condizione che la comunità internazionale gli attribuisca lo status di potenza regionale. Perché alla fin fine, al di là delle sue difficoltà economiche, l’Iran aspira soprattutto alla dignità ritrovata sulla scena internazionale.

Thomas Flichy
Storico del diritto e delle istituzioni