La Syrie, nouveau champ de bataille de la lutte entre Talibans afghano-pakistanais et Chiites (1/2)

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tratto da www.realpolitik.tv con traduzione in calce

Publié par Gilles-Emmanuel Jacquet le 6 août 2013 dans Articles

Par Gilles-Emmanuel Jacquet

Le Printemps Arabe et les guerres en Libye puis Syrie ont banalisé au sein de l’opinion publique occidentale l’autre grand conflit de cette décennie, celui d’Afghanistan, or ce dernier est loin d’être pacifié. Bien que le conflit et le contexte afghans ne peuvent être directement comparés avec ce qui se passe dans le monde arabe et plus particulièrement en Syrie, on a pu assister récemment à une interaction croissante entre ces deux théâtres d’opérations et les groupes djihadistes qui y combattent.

Les Talibans afghans et pakistanais à l’assaut de la Syrie

L’Afghanistan a servi de terrain d’entraînement à de nombreux groupes radicaux combattant désormais en Syrie et de nombreux mouvements djihadistes continuent de combattre en Afghanistan (Tchétchènes, Tadjiks, Ouzbeks du Mouvement Islamique d’Ouzbékistan, Hizb ul-Tahrir, combattants arabes d’Al Qaïda, Talibans pakistanais du TTP) [1]. Les contacts qui ont été établis depuis le Djihad contre l’Armée Rouge et qui ont été renforcés sous l’Émirat Islamique des Talibans ou au sein de l’insurrection depuis 2001 ont pu faciliter l’acheminement de combattants afghans et de ressources financières en Syrie notamment – mais pas uniquement – par le biais du système de paiement informel connu sous le nom de « Hawala » [2] ou par le biais de la « Zakât », l’aumône. Les ressources tirées d’activités criminelles ont aussi joué un rôle et comme l’a expliqué Viktor Ivanov, le directeur du service fédéral russe de lutte contre les stupéfiants, de nombreux groupes rebelles opérant en Syrie ont été financés grâce à l’argent tiré du trafic de drogue en provenance d’Afghanistan [3].

Au printemps 2012 des affiches ont fleuri dans différents quartiers de Kaboul et certaines étaient visibles dans les environs de Bagh-e Bala et de l’hôtel Intercontinental. Ces affiches invitaient les Afghans à soutenir la lutte des rebelles syriens et ne provenaient pas d’une association démocrate ou d’une ONG défendant les Droits de l’Homme. Celles-ci comportaient une forte connotation religieuse et arboraient, à côté du drapeau afghan, ceux des insurgés syriens, de la Turquie, du Qatar et de l’Arabie Saoudite. La présence de djihadistes afghans en Syrie n’est pas surprenante dans la mesure où de nombreux salafistes étrangers y sont également actifs et ce phénomène exprime la logique de solidarité globale de l’Oumma combattante, basée sur des réseaux terroristes transnationaux ayant montré leur capacité à opérer dans de nombreux pays et à mobiliser des partisans de différentes nationalités. Cette présence de combattants afghans a été évoquée à maintes reprises par certains médias ou journalistes (tels que Anastasia Popova de la chaîne Russia 24) ainsi que des hommes politiques afghans ou même turcs mais elle reste difficile à chiffrer.

Le dirigeant du Parti Démocratique Turc Namik Kemal Zeybek a ainsi affirmé que 10 000 Talibans et membres d’Al Qaeda étaient soutenus par le gouvernement turc, tout en ajoutant que 3000 terroristes avaient reçu un entraînement dans des camps en Afghanistan et au Pakistan avant d’être envoyés en Syrie [4]. Selon Zeybek, cette politique menée par le gouvernement AKP comporte également le risque d’assister à la pénétration de ces groupes fondamentalistes au sein de la société turque et de subir à terme des attaques terroristes menés par ces derniers [5]. Le président du PDT a précisé que les Talibans afghans occupaient un camp de réfugiés localisé dans la province du Hatay à partir duquel ils mèneraient des attaques ponctuelles en territoire syrien (le militant anti-impérialiste Bahar Kimyongür a également témoigné de la présence de combattants étrangers dans le Hatay et à l’aéroport d’Antioche) [6].

Au cours du mois de juillet 2013 un commandant opérationnel taliban du nom de Mohammad Amine à confié à la BBC qu’il était responsable d’une base talibane en Syrie et que la cellule chargée de mener le Djihad dans le pays y avait été établie en janvier 2013 [7]. Lors de sa création cette structure talibane a reçu la bénédiction du TTP (Tehrik-e-Taliban Pakistan) et bénéficié de l’aide de vétérans du Djihad en Afghanistan, originaires de pays du Moyen Orient et installés en Syrie au cours des dernières années [8]. Les Talibans pakistanais auraient envoyé en Syrie au cours des deux derniers mois au moins 12 spécialistes du combat et des technologies de l’information afin de développer les opérations conjointes menées avec leurs camarades syriens et évaluer les besoins existants [9]. Cette cellule envoie également des informations sur la situation militaire à l’organisation mère basée au Pakistan et d’après Mohammad Amine, « Il y a des douzaines de Pakistanais enthousiastes à l’idée de rejoindre le combat contre l’Armée Syrienne mais le conseil que nous avons reçu pour le moment est qu’il y a suffisamment d’hommes en Syrie » [10].

Au cours du même mois deux autres commandants talibans basés au Pakistan ont confirmé anonymement ces déclarations en ajoutant que des centaines de leurs combattants avaient été envoyé en Syrie à la requête de leurs camarades arabes : « Étant donné que nos frères arabes sont venus ici [Pakistan / Afghanistan] pour nous soutenir, nous sommes obligés de les aider dans leurs pays respectifs et c’est ce que nous avons fait en Syrie » [11]. Les combattants talibans opérant en Syrie font partie d’un réseau international structuré ou du moins organisé et leur engagement se veut durable comme l’explique un de ces commandants talibans pakistanais : « Nous avons établi des camps en Syrie. Certains de nos hommes y partent et reviennent après y avoir passé un certain temps à combattre » [12]. Comme l’a expliqué l’expert pakistanais Ahmed Rashid, l’envoi de Talibans en Syrie est un moyen pour le mouvement de prouver sa loyauté ou montrer son allégeance aux groupes armés radicaux se réclamant d’Al Qaïda mais aussi d’affirmer sa capacité à combattre hors de ses théâtres d’opérations habituels que sont le Pakistan et l’Afghanistan : « Ils agissent comme des djihadistes globaux, précisément avec l’agenda d’Al Qaïda. C’est un moyen (…) de cimenter leurs relations avec les groupes armés syriens…et d’élargir leur sphère d’influence » [13]. Certains membres du gouvernement pakistanais comme le Ministre de l’Intérieur Omar Hamid Khan ont en revanche démenti toutes ces déclarations, affirmant que les Talibans ne pouvaient aider leurs camarades syriens dans la mesure où ils auraient subi de nombreuses pertes infligées par les forces de sécurité pakistanaises et auraient « abandonné leurs fiefs dans les zones tribales » [14].

La Syrie, nouveau champ de bataille de la lutte entre Talibans afghano-pakistanais et Chiites. Credit : The World Factbook (cc)

Bien que les insurgés islamistes du Pakistan soient sous forte pression de la part de l’armée pakistanaise ou de l’armée américaine, ceux-ci ont pu envoyer un certain nombre des leurs combattre en Syrie : comme l’ont rapporté trois responsables de l’ISI basés dans les zones tribales, les djihadistes partis combattre contre le gouvernement de Damas appartiennent principalement à Al-Qaïda, au Tehrik-e-Taliban Pakistan et au Lashkar-e-Jhangvi [15]. La présence croissante de ces mouvements et des autres organisations djihadistes parmi les rangs de la rébellion indique une radicalisation idéologique ou religieuse du conflit mais aussi une intensification des luttes internes entre l’ASL et ses frères ennemis djihadistes (dont la composante Talibane pakistanaise ou afghane pourrait jouer le rôle de bourreau selon Didier Chaudet) tout en compliquant également la tâche de Washington dans son soutien apporté aux insurgés syriens [16]. Didier Chaudet ajoute que cette présence talibane « a fait son apparition alors que les forces de Bachar el-Assad ont repris du terrain face à la rébellion grâce à l’aide de forces chiites pro-iraniennes, notamment le Hezbollah » et ce serait également « une réponse à un recrutement antérieur de 200 Pakistanais chiites par l’Iran » : « Ces derniers auraient combattu à Alep ou à Homs. (…) L’engagement des Taliban pakistanais serait donc une réponse à une poussée chiite qui s’appuie elle aussi sur des forces étrangères » [17].

Pour les Talibans pakistanais la lutte contre le régime de Bachar Al-Assad est tout autant idéologique que confessionnelle : le Parti Ba’as et son dirigeant alaouite sont perçus comme les oppresseurs chiites d’une majorité sunnite [18]. Avant de se rendre en Syrie durant la première semaine de juillet 2013, un militant taliban se faisant appeler Suleman a ainsi expliqué que « Notre but et objectif est de lutter contre les Chiites et de les éliminer (…) C’est bien plus gratifiant si vous luttez en premier contre le mal ici et que vous voyagez pour ce noble but. Plus vous voyagez, plus grande sera la récompense d’Allah » [19]. Avant d’aller combattre contre les Chiites et les Alaouites de Syrie Suleman a déjà acquis une longue expérience dans ce domaine en participant aux persécutions et attentats menés contre les Chiites du Pakistan [20].

La communauté chiite du Pakistan (15-20% de la population) a souvent été visée par les groupes radicaux sunnites tels que le Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP), le Lashkar-e-Jhangvi (LeJ) ou le Sipah-e-Sahaba (SSP) et depuis 2012, année au cours de laquelle 320 chiites furent tués (dont 100 principalement Hazaras au Baloutchistan), ces attaques sont en forte recrudescence [21]. En décembre 2012 des pèlerins se rendant en Iran furent attaqués dans le sud-ouest du pays [22] et en 2013 ces attentats confessionnels ont continué à croître [23]: en février 2013 90 personnes furent tuées par une bombe dans un marché d’un quartier hazara de Quetta [24], en mars 2013 un attentat tua 48 Chiites à Karachi et fit au moins 150 blessés [25], enfin le 21 juin 2013 l’attentat contre la mosquée chiite de Peshawar fit au moins 15 morts et deux douzaines de blessés [26].

Des Chiites pachtounes vivent dans les zones tribales, dans la région de Kurram, et ils sont également victimes d’attentats menés par leurs compatriotes sunnites (les Soufis sont aussi visés) depuis de nombreuses années: les processions de l’Achoura ont été régulièrement la cible d’attaques, des écoliers chiites ont été attaqué en février 2009 à Hangu [27] ; 10 Chiites ont été assassiné à Hangu en 2011 par des insurgés du TTP [28] ; 2 autres ont été torturés à mort en juin 2012 par des militants du SSP et le 1er février 2013 une mosquée chiite de Hangu fut détruite par une moto piégée causant 27 morts ainsi que des douzaines de blessés [29]. Afin de se protéger les Chiites pakistanais se sont organisés en formant le mouvement Tehrik-e-Jafaria Pakistan en 1979 puis au début des années 1990 un groupe d’autodéfense appelé Sipah-e-Muhammad Pakistan mais qui fut interdit par Pervez Musharraf en août 2001 [30]. Les populations chiites pachtounes disposent d’armes et peuvent former des milices villageoises servant à protéger leur communauté mais aussi, comme me l’a rapporté une source locale, à traquer les Talibans : de grandes battues sont ainsi organisées et peuvent rassembler plus d’une centaine d’hommes [31]. Ces derniers sont parfois précédés de joueurs de « dhol », « dholak », « daira » ou « daf » (tambours locaux) et il est arrivé que des prisonniers Talibans soient dépecés ou mutilés puis renvoyés vers leurs camarades en guise d’avertissement [32].

La branche pakistanaise du Hizb-ut Tahrir (Parti de la Libération) a déclaré à la mi-juillet 2013, en invoquant un extrait du verset 72 de la sourate 8 « Al-Anfal » du Coran [33], que les Musulmans du Pakistan ne pouvaient pas se satisfaire d’envoyer seulement un soutien matériel ou financier aux Djihadistes combattant en Syrie mais qu’ils devaient aussi se montrer solidaires en les rejoignant sur le terrain [34]. Pour le HuT la lutte armée doit être menée tout autant contre le régime syrien que le « régime de Kayani et Shareef » au Pakistan : le gouvernement pakistanais a nié à de nombreuses reprises la présence de djihadistes pakistanais en Syrie et son alliance avec les États-Unis l’ont transformé en régime impie aux yeux des fondamentalistes locaux [35]. Dans son communiqué du 17 juillet 2013, le Hizb-ut Tahrir a ainsi expliqué que le gouvernement pakistanais était l’allié du régime de Damas, que tous deux étaient inféodés aux États-Unis et faisait figurer en guise de preuve accablante une photo d’Asif Ali Zardari serrant la main de Bashar Al-Assad [36]. La branche pakistanaise du HuT a également appelé les djihadistes en Syrie à résister à toute infiltration occidentale de leur mouvement puis invité les forces armées pakistanaises à prendre les armes contre les gouvernements de Damas et d’Islamabad [37].

Les zones tribales pachtounes abritent des camps d’entraînement où ont été formés de nombreux djihadistes afghans, pakistanais, arabes, caucasiens (tchétchènes, daghestanais), ouzbeks ou tadjiks combattant en Syrie. Deux groupes distincts de djihadistes opérant en Syrie proviennent de ces camps pakistanais et une bonne partie de leurs membres dispose d’une expérience du combat acquise en Afghanistan contre les troupes de l’ANA et de l’ISAF. Selon des responsables de l’ISI ayant souhaité garder l’anonymat, le premier groupe est composé d’Arabes du Moyen Orient, de Turkmènes ou d’Ouzbeks ayant combattu en Afghanistan et ayant décidé de partir en Syrie car le conflit qui s’y déroule leur est apparu comme prioritaire [38]. Des sources anonymes au sein des Talibans pakistanais ont confié que des membres d’Al Qaïda ayant participé à la formation de leurs hommes (entraînement au combat, fabrication d’explosifs et IED, etc.) appartenaient à ce premier groupe et étaient désormais en Syrie [39]. Ni les autorités pakistanaises ni les Talibans n’ont pu donner de chiffres précis quant à ces effectifs ou aux itinéraires suivis par ces djihadistes étrangers afin de se rendre en Syrie depuis le Pakistan [40].

Mohammed Kanaan, un activiste rebelle d’Idlib, a confirmé à des journalistes d’Associated Press la présence de combattants pakistanais dans sa région mais précisé que ceux-ci n’étaient pas nombreux: « La plupart des étrangers [le terme plus exact employé est « muhajireen »] sont des combattants arabes de Tunisie, Algérie, Irak et Arabie Saoudite (…) Mais nous avons également vu des Pakistanais et des Afghans récemment » [41]. Ces derniers appartiennent au second groupe en provenance du Pakistan ou d’Afghanistan et il s’agit principalement de militants locaux du TTP et du Lashkar-e-Jhangvi [42]. Tout en se montrant prudent sur les effectifs ou la composition de cette présence talibane en Syrie, Didier Chaudet confirme qu’ « il y a bien eu des combattants quittant l’Afghanistan et le Pakistan pour aller mener le “djihad” en Syrie, et cela depuis début juin, si l’on en croit certaines sources pakistanaises. Certes, il s’agirait en majorité d’auxiliaires étrangers du TTP, des combattants arabes et centrasiatiques. Mais des Taliban pakistanais feraient également le voyage pour participer à la guerre contre Assad. Et cela sans forcément avoir l’aval des djihadistes sunnites locaux » [43].

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Gilles-Emmanuel Jacquet

Siria nuovo campo di battaglia nella lotta tra sciiti talebani e Afghanistan e Pakistan (1/2)

Pubblicato da Gilles Emmanuel Jacquet 6 agosto 2013 in Articoli

 

Di Gilles Emmanuel Jacquet

La primavera araba e le guerre in Libia e Siria hanno banalizzato nell’opinione pubblica occidentale l’altro grande conflitto del decennio, quello dell’Afghanistan;quest’ultimo è tutt’altro che pacificato. Non ostante il conflitto e il contesto afgano non possono essere direttamente confrontati con ciò che accade nel mondo arabo, in particolare in Siria, si è potuto assistere recentemente ad una crescente interazione tra questi due teatri d’operazione e i gruppi jihadisti che vi combattono.

Talebani afghani e pakistani all’assalto della Siria

L’Afghanistan ha servito da campo di addestramento per molti gruppi radicali attualmente impegnati in Siria e molti movimenti jihadisti continuano a combattere in Afghanistan (ceceni, tagiki, uzbeki dell’Uzbekistan islamico Hizb ul-Tahrir, combattenti arabi di Al Qaeda, Talebani pakistani del TTP) [1]. I contatti che sono stati stabiliti nel corso della Jihad contro l’Armata Rossa, rafforzati con l’l Emirato islamico dei talebani o nel seno della rivolta dal 2001 hanno facilitato il flusso di combattenti afghani e delle risorse finanziarie in Siria soprattutto – ma non esclusivamente – attraverso il sistema di pagamento informale, noto come “hawala” [2] o attraverso l’elemosina, lo “Zakat”. Le risorse derivanti da attività criminali hanno anche svolto un ruolo, e come spiegato da Viktor Ivanov, direttore del Servizio federale russo per la lotta alla droga, molti gruppi ribelli che operano in Siria sono stati finanziati da fondi di provenienza dal traffico di droga dall’Afghanistan. [3]

Nella primavera del 2012 manifesti sono apparsi in diverse parti di Kabul e alcuni erano visibili in prossimità di Bagh-e Bala e dell’Intercontinental Hotel. Questi manifesti invitavano gli afgani a sostenere la lotta dei ribelli siriani e non provenivano da un’associazione democratica o una ONG in difesa dei diritti umani. Implicavano una forte connotazione religiosa e innalzavavano accanto alla bandiera afghana, quella dei ribelli siriani, di Turchia, Qatar e Arabia Saudita. La presenza di jihadisti afgani in Siria non è sorprendente dal momento che molti salafiti stranieri vi sono anche attivi e questo fenomeno esprime la logica della solidarietà globale dei combattimenti della umma, basata su reti terroristiche transnazionali in grado di confermare la loro capacità di operare in molti paesi e mobilitare sostenitori di diverse nazionalità. La presenza di combattenti afghani non è sorprendente in quanto sollevata più volte da alcuni media e giornalisti (come Anastasia Popova della rete Russia 24) e da politici afgani e anche turchi; ma resta difficile da quantificare.

Il leader del Partito democratico turco Namik Kemal Zeybek ha detto che 10.000 talebani e membri di Al Qaeda sono stati sostenuti dal governo turco, aggiungendo che 3000 terroristi erano stati addestrati nei campi in Afghanistan e in Pakistan prima di essere inviati in Siria. [4] Secondo Zeybek, questa politica del governo dell’AKP comporta anche il rischio di assistere alla penetrazione di questi gruppi fondamentalisti nella società turca e di subire a breve termine attacchi terroristici condottoi da questi ultimi [5]. Il Presidente del TDP ha precisato che i talebani afghani occupavano un campo profughi situato nella provincia di Hatay da cui avrebbero condotto attacchi occasionali sul territorio siriano (l’attivista anti-imperialista Bahar Kimyongür ha anche testimoniato la presenza di combattenti stranieri in Hatay e all’aereoporto di Antiochia). [6]

Nel luglio 2013, un comandante operativo talebano di nome Mohammad Amin ha condidato alla BBC di essere il responsabile di una base dei talebani in Siria e che la cellula incaricata di condurre la Jihad nel paese era stata costituita nel gennaio 2013 [7]. Al suo inizio questa struttura dei talebani ha ricevuto la benedizione del TTP (Tehrik-e-Taliban Pakistan) e beneficiato dell’assistenza di veterani della jihad in Afghanistan, originari dei paesi del Medio Oriente e stabilitisi in Siria negli ultimi anni [ 8]. I talebani pakistani avrebbero inviato in Siria nel corso degli ultimi due mesi almeno 12 specialisti di combattimento e le tecnologie d’informazione al fine di sviluppare le operazioni congiunte con i loro coetanei siriani e valutare le necessità esistenti [9]. Questa cellula invia egualmente informazioni sulla situazione militare alla organizzazione madre con base in Pakistan e, dopo Mohammad Amin, “ci sono decine di pakistani entusiasti di aderire alla lotta contro l’Esercito siriano ma l’indicazione ricevuta ​​al momento è che ci sono abbastanza uomini in Siria “. [10]

Nello stesso mese altri due comandanti talebani di base in Pakistan hanno confermato queste affermazioni anonime aggiungendo che centinaia di loro combattenti erano stati inviati in Siria, su richiesta dei loro compagni arabi: “Dato che i nostri fratelli arabi sono venuti qui [Pakistan / Afghanistan] a sostenerci, noi dobbiamo aiutarli nei loro rispettivi paesi e questo è quello che abbiamo fatto in Siria “. [11] I combattenti talebani che operano in Siria sono parte di una rete internazionale strutturata o quantomeno organizzata; il loro impegno sarà durevole, come spiegato da uno dei comandanti talebani pakistani: “Abbiamo stabilito campi in Siria. Alcuni dei nostri uomini vanno, altri tornano dopo aver trascorso qualche tempo a combattere “. [12] Come ha spiegato l’esperto pakistano Ahmed Rashid, l’invio di Talebani in Siria è un modo per il movimento per dimostrare la propria lealtà o di mostrare il proprio legame con i gruppi armati radicali ispirati ad al Qaeda, ma anche di affermare la propria capacità di combattere fuori dagli abituali teatri di operazione in Pakistan e Afghanistan: “Si comportano come jihadisti globali, proprio con l’ordine del giorno di Al Qaeda. E’ un modo (…) di cementare il loro rapporto con i gruppi armati siriani … ed espandere la loro sfera di influenza “. [13] Alcuni membri del governo pakistano come il ministro Omar Hamid Khan, hanno però negato queste affermazioni, in quanto i talebani non avrebbero potuto aiutare i loro compagni in Siria a causa delle molte perdite inflitte dalle forze di sicurezza pakistane e dell’abbandono delle loro roccaforti nelle aree tribali”. [14]

 

Siria nuovo campo di battaglia nella lotta tra talebani e sciiti afghani, pakistani. Credit: The World Factbook (cc)

Benchè i ribelli islamici in Pakistan siano sotto pressione da parte dell’esercito pakistano e dell’esercito americano, essi sono stati in grado di inviare un certo numero di loro a combattere in Siria; come riportato da tre funzionari della ISI basata nelle aree tribali, i jihadisti andati a combattere contro il governo di Damasco appartengono principalmente ad Al-Qaeda, al Tehrik-e-Taliban Pakistan e a Lashkar-e-Jhangvi. [15] La crescente presenza di questi movimenti e altre organizzazioni jihadiste nelle file della ribellione indica una radicalizzazione ideologica o religiosa del conflitto, ma anche una intensificazione della lotta intestina tra l’ASL ed i suoi fratelli nemici jihadisti (tra cui i talebani pakistani o afgani potrebbero svolgere il ruolo di carnefice, secondo Didier Chaudet) rendendo anche più difficile per Washington il loro sostegno ai ribelli siriani. [16] Didier Chaudet aggiunge che la presenza dei talebani “ha fatto la sua apparizione proprio quando le forze di Bashar al-Assad hanno guadagnato terreno contro i ribelli con l’aiuto delle forze sciite filo-iraniane, in particolare Hezbollah” e sarebbe anche ” una risposta ad una assunzione precedente di 200 pachistani sciiti da parte dell’Iran “:” Questi ultimi avrebbero combattuto ad Aleppo o a Homs. (…) L’impegno dei talebani pakistani sarebbe una risposta a una spinta sciita basata anch’essa su forze straniere “[17].

Per i Talebani pakistani la lotta contro il regime di Bashar al-Assad è altrettanto ideologica che religiosa: il partito Baath e il suo capo alawita sono visti come gli oppressori sciiti della maggioranza sunnita [18]. Prima di recarsi in Siria, durante la prima settimana di luglio 2013, un militante talebano di nome Suleman ha detto che “Il nostro scopo e obiettivo è di combattere contro gli sciiti ed eliminarli (…) E’molto più gratificante se si lotta in prima fila contro il male qui e si viaggia per questo nobile obiettivo. Più si viaggia, maggiore è la ricompensa di Allah “. [19] Prima di andare a combattere contro gli sciiti e alawiti in Siria, Suleman ha già acquisito una vasta esperienza in questo ambito, partecipando a persecuzioni e attentati contro gli sciiti in Pakistan. [20]

La comunità sciita in Pakistan (15-20% della popolazione) è stato spesso presa di mira dai gruppi sunniti radicali come il Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP), Lashkar-e-Jhangvi (LEJ) e la Sipah-e -Sahaba (SSP), e dal 2012, anno in cui sono stati uccisi 320 sciiti (di cui 100 principalmente hazara nel Belucistan), questi attacchi sono in forte ripresa. [21] Nel dicembre del 2012 i pellegrini in Iran sono stati attaccati nel sud-ovest del paese [22] e nel 2013 gli attacchi confessionali hanno continuato ad aumentare [23]; a febbraio 2013 90 persone sono state uccise da una bomba in un mercato di un quartiere Hazara di Quetta [24] Nel marzo 2013, una bomba ha ucciso 48 sciiti a Karachi e ha fatto almeno 150 feriti [25] Infine, 21 giugno 2013 l’attentato contro la moschea sciita di Peshawar con almeno 15 morti e due decine di feriti. [26]

Sciiti pashtun vivono nelle aree tribali della regione di Kurram e sono anche vittime di attacchi da parte di loro connazionali sunniti (anche i Sufi sono presi di mira) da molti anni: le processioni dell’Ashura sono stati regolarmente il bersaglio di attentati, studenti sciiti sono stati attaccati nel febbraio 2009 in Hangu [27] 10 sciiti sono stati uccisi in Hangu nel 2011 dai ribelli TTP [28]; altri due sono stati torturati a morte nel giugno 2012 da attivisti SSP e il 1 febbraio 2013 una moschea sciita a Hangu è stata distrutto da una moto bomba causando 27 morti e decine di feriti. [29] Per proteggersi gli sciiti pachistani si sono organizzati nel movimento Tehrik-e-Jafaria Pakistan nel 1979 e nei primi anni 1990 in un gruppo di autodifesa chiamato Sipah-e-Muhammad Pakistan, dichiarato fuorilegge da Musharraf nell’agosto 2001 [30]. Le popolazioni sciite Pashtun hanno armi e possono formare le milizie di villaggio necessarie a proteggere la loro comunità, ma anche, come mi è stato portato ad una fonte locale, a dare la caccia ai talebani: possono essere organizzate grandi battute in grado di raccogliere centinaia di uomini. [31] Questi sono a volte preceduti da giocatori Dhol ‘,’ dholak “,” Daira “o” daf “(batteria locale); è successo che talebani prigionieri vengono massacrati e mutilati e poi rispediti ai loro compagni come un avvertimento [ 32].

Il ramo pakistano di Hizb ut-Tahrir (Partito della Liberazione) ha dichiarato a metà luglio 2013, citando parte del versetto 72 della Sura 8 “Al-Anfal” Corano [33], che i musulmani del Pakistan non potevano ritenersi soddisfatti di inviare solo materiale o supporto finanziario ai jihadisti che combattono in Siria, ma devono anche dimostrare la loro solidarietà unendosi a loro sul campo. [34] Secondo Hut, la lotta armata deve essere condotta tanto contro il regime siriano quanto contro il “regime Kayani e Sharif” in Pakistan: il governo del Pakistan ha ripetutamente negato la presenza di jihadisti pakistani in Siria e la sua alleanza con gli Stati Uniti lo ha trasformati in regime empio agli occhi dei fondamentalisti locali. [35] Nel suo comunicato stampa del 17 luglio 2013, Hizb ut-Tahrir ha detto che il governo pakistano era alleato con il regime di Damasco, entrambi erano sottomessi agli Stati Uniti ed è stato indicato come una prova schiacciante una fotografia di Asif Ali Zardari che stringe la mano a Bashar Al-Assad. [36] Il ramo pakistano di Hut ha anche fatto appello ai jihadisti in Siria per resistere a qualsiasi infiltrazione occidentale del loro movimento e ha chiesto alle forze armate pakistane di prendere le armi contro il governo di Damasco e Islamabad. [37]

Le aree tribali pashtun sono sede di campi di addestramento per molti jihadisti afgani, pakistani, arabi, caucasici (ceceni, Daghestan), uzbeki o tagiki impegnati in Siria. Due distinti gruppi di jihadisti che operano in Siria provengono da questi campi pakistani e gran parte dei loro membri ha maturato esperienza di combattimento in Afghanistan contro le truppe di ANA e ISAF. Secondo i funzionari di ISI che chiedono l’anonimato, il primo gruppo è composto da arabi del Medio Oriente, turkmeni e uzbeki che hanno combattuto in Afghanistan e hanno deciso di spostarsi in Siria, perché quest’ultimo conflitto è emerso come una priorità [38]. Fonti anonime all’interno dei talebani pakistani hanno detto che i membri di Al Qaeda che hanno partecipato alla formazione dei loro uomini (Combat Training, esplosivi e IED, ecc.) appartenevano a questo primo gruppo e ora sono ormai in Siria [39]. Né il governo pakistano, né i talebani hanno potuto fornire dati precisi sul numero e le rotte seguite da tali jihadisti stranieri per recarsi in Siria dal Pakistan. [40]

Mohammed Kanaan, un attivista dei ribelli a Idlib, ha confermato a giornalisti della Associated Press la presenza di combattenti pakistani nella regione, ma ha detto che non erano molti, “La maggior parte degli stranieri [il più preciso termine adottato è “Muhajireen”] sono dei combattenti arabi provenienti da Tunisia, Algeria, Iraq e Arabia Saudita (…) Ma abbiamo anche visto pakistani e afgani recentemente “. [41] Questi appartengono al secondo gruppo provenienti da Afghanistan e Pakistan; sono principalmente attivisti locali TTP e Lashkar-e-Jhangvi. [42] Facendo attenzione circa la dimensione o composizione della presenza dei talebani in Siria, Didier Chaudet conferma che “ci sono stati infatti combattenti che lasciano l’Afghanistan e il Pakistan per andare a condurre la” jihad “in Siria; questo a partire da giugno, se uno crede ad alcune fonti pakistane. Certo, si tratterebbe in maggioranza di stranieri ausiliari del TTP, di combattenti arabi e dell’Asia centrale. Ma anche alcuni talebani pakistani avrebbero viaggiato per partecipare alla guerra contro Assad. E senza necessariamente l’approvazione dei jihadisti sunniti locali “. [43]

Notes

[1] Ghaith Abdul-Ahad, « Syria: the foreign fighters joining the war against Bashar al-Assad », The Guardian, 23/09/2012 et Hala Jaber, « Jihadists pour into Syrian slaughter », The Sunday Times, 17/06/2012
[2] Sur cette problématique voir Sebastian R. Müller, Hawala : An informal payment system and its use to finance terrorism, VDM Verlag Dr Müller, 2007 ; Committee on Banking, Housing, and Urban Affairs of the United States Senate, « Hawala and underground terrorist financing mechanisms », 14/11/2001 ; Charles B. Bowers, « Hawala, money laundering, and Terrorism finance: micro-lending as an end to illicit remittence », Denver Journal of International Law and Policy, 07/02/2009 ; David C. Faith, « The Hawala System », Global Security Studies, Winter 2011, Volume 2, Issue 1 et « Terror financing reliant on Hawala, NPOs », Money Jihad, 04/02/2013
[3] « Syrian rebels funded by Afghan drug sales », RIA Novosti, 11/04/2013
[4] « 3000 Turkish terrorists trained in Afghanistan for Syria war », Afghan Voice Agency, 18/12/2012
[5] Ibid.
[6] « Taliban militants use Turkey to infiltrate into Syria: Turkish lawmaker », Press TV, 19/12/2012
[7] Ahmed Wali Mujeeb, « Pakistan Taliban sets up a base in Syria », BBC News, 12/07/2013 et Didier Chaudet, « Des Talibans en Syrie ? », Huffington Post, 28/07/2013
[8] [Ibid.].
[9] [Ibid.].
[10] [Ibid.].
[11] Maria Golovnina et Jibran Ahamd, « Pakistan Taliban set up camps in Syria, join anti-Assad war », Reuters, 14/07/2013
[12] Ibid.
[13] Ibid.
[14] Mushtaq Yusufzai, « Pakistani Taliban: « We sent hundreds of fighters to Syria », NBC News, 15/07/2013 et Zarar Khan et Sebastian Abbot, « Islamic militants leave Pakistan to fight in Syria », Associated Press, 14/07/2013
[15] Zarar Khan et Sebastian Abbot, « Islamic militants leave Pakistan to fight in Syria », Associated Press, 14/07/2013 ou Indian Times et Bill Roggio, « Hundreds of Pakistani jihadists reported in Syria, Threat Matrix / Long War Journal, 14/07/2013
[16] Ibid. et Didier Chaudet, « Des Talibans en Syrie ? », Huffington Post, 28/07/2013
[17] Didier Chaudet, « Des Talibans en Syrie ? », Huffington Post, 28/07/2013
[18] Zarar Khan et Sebastian Abbot, « Islamic militants leave Pakistan to fight in Syria », Associated Press, 14/07/2013 ou Indian Times et Bill Roggio, « Hundreds of Pakistani jihadists reported in Syria, Threat Matrix / Long War Journal, 14/07/2013
[19] Ibid.
[20] Ibid.
[21] « Pakistan: Shia killings escalate », Human Rights Watch, 05/09/2012
[22] « Pakistan bombing kills Shia pilgrims », CBC News, 30/12/2012
[23] « Anti-Shiite attacks up in Pakistan ; analysts say officials give militants room to operate », Fox News, 09/03/2013
[24] « Death toll in Pakistan’s anti-Shia attack rises to 90 », Press TV, 19/02/2013
[25] « Anti-Shiite attacks up in Pakistan ; analysts say officials give militants room to operate », Fox News, 09/03/2013
[26] « Bomb attack targeting Shia mosque in Pakistan kills 15 », Press TV, 21/06/2013
[27] « Taliban kill Shia school children in ambush in Hangu », LUBP, 27/02/2009
[28] « 10 Shia martyred in an attack near Hangu, by terrorist of Tehrik-e-Taliban », Jafria News, 13/03/2011
[29] « Death toll in Pakistan’s anti-Shia attack rises to 90 », Press TV, 19/02/2013 ; « Pakistan bomb: 21 die in Hangu Shia suicide attack », BBC News, 01/02/2013 ; « Hangu: blast outside Shiite Mosque leaves 22 dead », Shia Killing / PakShia, 01/02/2013 et « Suicide blast outisde Hangu mosque claims 27 lives », Dawn, 01/02/2013
[30] « Sipah-e-Mohammed, Terrorist group of Pakistan », South Asia Terrorism Portal
[31] Source locale confidentielle
[32] Source locale confidentielle
[33] « Mais s’ils implorent votre appui à cause de la foi, vous le leur accorderez, à moins que ce ne soit contre ceux qui sont vos alliés en vertu des pactes que vous avez noués avec eux. Allah le Très-Haut voit toutes vos actions », sourate 8 verset 72 « Al-Anfal », Coran.
[34] Hizb-ut-Tahrir, « Supporting Syria is a duty on the Pakistani military not just the Taliban », Khilafah, 15/07/2013
[35] Ibid.
[36] Ibid.
[37] Ibid.
[38] Zarar Khan et Sebastian Abbot, « Islamic militants leave Pakistan to fight in Syria », Associated Press, 14/07/2013 ou Indian Times et Bill Roggio, « Hundreds of Pakistani jihadists reported in Syria, Threat Matrix / Long War Journal, 14/07/2013
[39] Ibid.
[40] Ibid.
[41] Ibid.
[42] Ibid.
[43] Didier Chaudet, « Des Talibans en Syrie ? », Huffington Post, 28/07/2013