Russie, Europe, Chypre… Entretien d’Arnaud Leclercq pour La Voix de la Russie
con traduzione italiana in calce di Giuseppe Germinario
Publié par Realpolitik.tv le 20 mars 2013 dans Articles– 2 commentaires
Cadre dirigeant reconnu dans le monde de la gestion de fortune, plus particulièrement avec les marchés émergents, Arnaud Leclercq est à titre privé un spécialiste en géopolitique de la Russie. Il vient de publier chez Ellipses l’ouvrage La Russie puissance d’Eurasie. Histoire géopolitique des origines à Poutine. Interrogé le 19 mars 2013 par La Voix de la Russie sur les récents événements survenus à Chypre, nous reproduisons avec son aimable autorisation le contenu de cet entretien.
Voix de la Russie. Que pensez-vous du projet de loi chypriote sur la taxation de l’ordre de 15% sur les comptes bancaires supérieurs à 100.000 euros ? Quelles seraient les répercussions ?
Arnaud Leclercq. Je crois qu’il faut d’abord replacer cette décision dans un contexte général qui, malheureusement, n’est pas surprenant. On a déjà vu en 2008-2009 en d’autres circonstances que ce n’est qu’une question de temps pour que l’Union européenne commence à prendre de différentes façons de l’argent aux contribuables, aux épargnants. Cela peut se passer soit sous forme de pression, ce qui a déjà été envisagé par les économistes en 2008-2009, soit par les impôts qui peuvent être confiscatoires, comme on l’a vu dans certains pays européens. Ou alors maintenant dans sa dernière version, encore plus dramatique et incroyable, c’est tout simplement se servir dans la poche des gens et des sociétés qui ont leur compte en banque dans un pays-membre de l’UE. Ce qui est quand même un petit peu surréaliste quel que soit le contexte et les raisons qui sont derrière. Il peut être pleinement justifié de demander un effort à la population, aux pays, pour obtenir cette aide de l’UE ; néanmoins c’est un cas assez extravagant que l’on vienne s’approvisionner dans la poche des gens. Et je pense que, malheureusement, cela risque de n’être qu’un début, une première étape puisqu’un certain nombre de pays européens sont dans une situation absolument dramatique et qu’un certain nombre d’économistes – y compris les Prix Nobel – disent que ces mesures d’austérité – quoiqu’importantes mais trop dures – contribuent à obtenir un résultat inverse par rapport à celui espéré. Ça c’est le premier contexte général.
Le contexte un petit peu plus particulier, c’est que cette pression de l’UE se fait sous l’influence de l’Allemagne, qui vit à la veille d’une période électorale, et ce facteur contribue à la vision selon laquelle on ne peut aider un pays du Sud européen qu’à condition d’être extrêmement dur avec lui.
Maintenant, en ce qui concerne plus particulièrement la Russie et ses avoirs à Chypre, j’aurais bien aimé savoir quelle aurait été la réaction de l’UE, si au lieu d’actifs russes qui peuvent représenter jusqu’à un tiers des avoirs à Chypre, si ces actifs avaient été allemands ou français comme c’est le cas au Luxembourg, centre fiscalement avantageux au cœur même de l’UE… Si cela avait trait au Luxembourg, les Européens auraient-ils pris une décision aussi draconienne ?
Les Européens savent qu’il y a beaucoup d’argent russe placé à Chypre et qui transite à Chypre. Ce qui est assez scandaleux dans cette affaire, et qu’on lit dans un certain nombre de médias, c’est que sans être un grand spécialiste du contexte chypriote bancaire, je peux néanmoins avancer que les règlements qui existent et qui sont clairs depuis un certain nombre d’années – Chypre n’est pas dans l’UE depuis vendredi matin – un grand nombre de cabinets de conseil européens et même anglo-saxons, d’experts comptables ou spécialistes de stratégie ont recommandé aux entreprises russes d’utiliser la place chypriote du point de vue juridique et financier, simplement parce qu’il y a une Convention fiscale entre la Russie et Chypre qui est très avantageuse et qui est à l’image d’autres conventions qui existent entre la Russie et le Luxembourg, ou entre n’importe quel autre pays dans le monde et dont certaines soient issues du modèle OCDE classique ou dans certains cas sont éventuellement plus avantageuses. C’est le cas entre la Russie et Chypre. Donc tout naturellement les entreprises – soit pour faciliter leurs achats des biens à l’étranger, soit optimiser le climat fiscal – ont utilisé cette commodité chypriote, comme d’autres groupes internationaux utilisent le Luxembourg ou même la législation britannique dans un certain nombre de cas.
Je ne suis pas en train de défendre ce type de législation fiscalement avantageuse. Je sais tout simplement que cela existe à Chypre et que cela existe ailleurs aussi ! A Malte, par exemple, qui est juste à côté. Donc cela n’a rien d’extraordinaire si ce n’est que c’est la Russie qui utilise Chypre de façon préférentielle.
Qui plus est, grâce au régime de l’absence des visas entre la Russie et Chypre, c’était une destination non seulement d’affaires mais aussi de tourisme sans parler des Russes qui s’y sont installés puisqu’il y avait cet avantage alors qu’il y a beaucoup plus de difficultés pour les Russes à obtenir les visas dans la zone Schengen, ce qui est un sujet de conflit ou, en tout cas, de mésentente entre l’UE et la Russie. Je pense que le Président Poutine a raison et moi-même j’ai pensé la même chose dans la mesure où ce qui se passe là-bas du point de vue éthique et social est dramatique. C’est un précédent qui est grave ! Comme ça du jour au lendemain 15% et on parle même de 40% pour les comptes qui sont plus importants en transformant les gens en prisonniers et en fermant la place financière bancaire chypriote depuis plusieurs jours ce qui bloque beaucoup de transactions de sociétés commerciales tout à fait naturelles et qui ne peuvent plus utiliser la place du jour au lendemain.
Pour répondre à votre dernière question : oui ! je pense que cela a des conséquences dans les relations entre la Russie et Chypre. Si vous étiez un Russe qui a des actifs là-bas, je pense que vous allez réfléchir à l’avenir par deux fois avant d’y replacer les actifs de votre épargne ou de la gestion de la trésorerie suivant les cas. Au-delà avec l’UE je ne sais pas si cela va engendrer les conséquences qui pourraient être sérieuses voire graves, je ne pense pas. Néanmoins c’est l’un des sujets de plus qui envenime les relations. Accessoirement je vous signale que j’en parle dans un article qui sera bientôt publié dans une revue géopolitique française où l’on m’avait demandé de réfléchir à la relation UE – Russie avec tous les significatifs qu’il y a autour de cela. Et j’essaie de réfléchir à la raison qui motive ce désamour entre les deux parties du continent.
Crédit photo : NicosiaSkylines via Wikimedia (cc)
Russia, Europa, Cipro … intervista di Arnaud Leclercq per La Voce della Russia
Pubblicato da Realpolitik.tv Mar 20, 2013 in Articoli – 2 commenti
Leader riconosciuto nel mondo del risparmio gestito, in particolare nei mercati emergenti, Arnaud Leclercq è uno specialista autodidatta di geopolitica della Russia. Recentemente ha pubblicato da Ellipses l’opera Russia potenza eurasiatica. Storia geopolitica dalle origini a Putin . Intervistato il 19 marzo 2013 da La Voce della Russia sui recenti avvenimenti a Cipro, riproduciamo con la sua autorizzazione il contenuto di questa intervista.
La Voce della Russia. Cosa pensa del progetto di legge cipriota sulla tassazione di circa il 15% sui depositi dei conti correnti bancari superiori ai 100.000 euro? Quali saranno le implicazioni?
Arnaud Leclercq. Penso che si debba innanzitutto inquadrare questa decisione in un contesto generale che, purtroppo, non è sorprendente. Abbiamo già visto nel 2008-2009 in altre circostanze che ormai è solo una questione di tempo prima che l’UE cominci a prelevare in diversi modi denaro dai contribuenti, dai risparmiatori. Potrà accadere sia sotto forma di pressione, modalità già presa in considerazione dagli economisti nel 2008-2009, sia con imposte da confisca, come abbiamo visto in alcuni paesi europei. Ora, in quest’ultima versione, ancora più drammatica e sorprendente, si tratta semplicemente di servirsi dalle tasche di persone e aziende che hanno il loro conto in una banca di un paese membro dell’Unione Europea. Quantomeno si tratta di una situazione un po’ surreale qualunque siano il contesto e le motivazioni. Si può forse pienamente giustificare la richiesta di uno sforzo alla popolazione, ai paesi per ottenere l’assistenza della UE; è, tuttavia, piuttosto stravagante fornirsi dalle tasche della gente. E penso che, purtroppo, questo potrebbe essere solo l’inizio, un primo passo poiché un certo numero di paesi europei sono in una sezione assolutamente drammatica e un certo numero di economisti – tra cui i Premi Nobel – affermano che queste misure di austerità – pur importanti, ma troppo dure – contribuiscono a ottenere il risultato opposto rispetto a quello sperato. Questo è il primo contesto generale.
Il contesto un po’ più particolare è che la pressione della UE opera sotto l’influenza della Germania, che vive alla vigilia di un periodo elettorale; questo fattore contribuisce alla visione secondo la quale non si può aiutare un paese del sud Europa se non a condizioni di particolare durezza.
Ora, per quanto riguarda in particolare la Russia e le sue attività a Cipro, mi sarebbe piaciuto sapere quale sarebbe stata la reazione della UE, se al posto degli asset russi che possono rappresentare fino a un terzo del patrimonio Cipro, ci fossero attività tedesche o francesi, come nel caso del Lussemburgo, centro fiscale vantaggioso nel cuore della stessa UE … Se tutto ciò avesse riguardato il Lussemburgo, gli europei avrebbero preso una decisione così drastica?
Gli europei sanno che ci sono un sacco di soldi russi piazzati e che transitano a Cipro. Un aspetto abbastanza scandaloso in questo caso, lo si legge anche in un certo numero di media, è che, senza essere un grande specialista del contesto bancario cipriota, posso quantomeno sostenere che le norme esistono e sono chiare da un certo numero di anni – Cipro non è membro dell’Unione europea da Venerdì mattina – e che, quindi, un gran numero di aziende di consulenza in Europa, come pure Anglo-Sassoni, commercialisti o esperti di strategia abbiano raccomandato alle imprese russe di utilizzare la piazza cipriota dal punto di vista giuridico e finanziario semplicemente perché vi è una convenzione fiscale tra la Russia e Cipro molto vantaggiosa, simile ad altri accordi tra la Russia e il Lussemburgo, o tra qualsiasi altro paese del mondo dai quali alcuni sono usciti dal classico modello OCSE; in alcuni casi sono ancora potenzialmente più vantaggiosi. Questo è il caso dell’accordo tra la Russia e Cipro. Così, naturalmente, le imprese – per facilitare i loro acquisti di beni all’estero o ottimizzare il clima fiscale – hanno usato questa opportunità cipriota, come altri gruppi internazionali utilizzano il Lussemburgo o la stessa legislazione del Regno Unito in una serie di casi .
Non sto cercando di difendere questo tipo di legislazione fiscale vantaggiosa. So solo che esiste a Cipro e che esiste anche altrove! A Malta, per esempio, giusto accanto. Quindi, questo non ha nulla di straordinario se non che è la Russia che utilizza preferenzialmente Cipro.
Inoltre, grazie all’assenza del regime dei visti con la Russia, Cipro è stata una destinazione non solo per le imprese, ma anche per il turismo per non parlare dei russi che vi si sono insediati in funzione di questo vantaggio quando invece un molto più difficile per gli stessi ottenere i visti nella zona Schengen, attualmente una fonte di conflitto, o in ogni caso di disaccordo tra l’UE e la Russia. Penso che il presidente Putin abbia ragione e io stesso ho pensato la stessa cosa di ciò che accade lì nei termini drammatici di etica e condizione sociale. Si tratta di un precedente grave! Così dal giorno alla notte il 15% e si parla addirittura del 40% di prelievo sui conti più importanti, si trasformano le persone in prigionieri; la chiusura del settore bancario finanziario cipriota per diversi giorni blocca tantissime operazioni riguardanti le società commerciali in modo del tutto innaturale impossibilitate a utilizzare la piazza improvvisamente.
Per rispondere alla ultima domanda: sì! Penso che questo comporterà delle conseguenze nei rapporti tra la Russia e Cipro. Se tu fossi un russo con un patrimonio lì, penso che ci penserai due volte in futuro prima di collocare in quel paese le attività di risparmio o di gestione della liquidità a seconda dei casi. Al di là con l’UE non so se questo comporterà conseguenze serie o gravi; io non la penso così. Tuttavia, è un elemento in più di avvelenamento dei rapporti. Tra l’altro vorrei segnalare che ne parlo in un articolo di prossima pubblicazione su una rivista francese di geopolitica nel quale mi è stato chiesto di prendere in considerazione le relazioni tra l’Unione europea e la Russia con tutti gli aspetti inerenti. E cerco di pensare sulla ragione che induce questo disincanto tra le due parti del continente.